Le 14 juillet 1943, lors d'une mission commandée par USAF, trois vagues de bombardiers ont pour objectif de détruire plusieurs aérodromes stratégiques : Le Bourget et Villacoublais.

À 8h43 le Windy City Challenger 42-3049, fabriqué en 1942 immatriculé JJW et appartenant au 422e Bomber Squadron du 305e Bomber Group, est touché par la DCA allemande d'Orly et s'écrase sur Lieusaint.
Sept membres de l'équipage sont tués sur le coup, quatre réussissent à sauter en parachute.

Quelques années plus tard, lors d’une reconstitution d'un bombardier du même type pour l'inauguration du musée du Bourget, celui-ci se crash de nouveau dans le même secteur.

L'ironie du sort ou plutôt la répétition d'un fait traumatique en un échec ridicule est le point d'ancrage de cette exposition. Nous ne pouvons donc plus faire autrement que de révéler la célèbre phrase de Karl Marx "l'Histoire arrive toujours deux fois; une première comme tragédie et une seconde comme farce", référence qui nous l'espérons, donnera du sens à nos recherches et surtout, c'est le cas de le dire, un argument d'autorité.

Cette exposition repose sur la transformation et la déformation d'une mémoire collective, dite historique. Elle pose la question de ce que l'on nomme le devoir de mémoire, cet effort constant de se souvenir des faits marquants pour ne plus jamais les répéter. Nous ne sommes définitivement ni chercheurs, ni historiens, nous ne démontrons ni vérité, ni réponse, nous sommes artistes et ce devoir de mémoire, pour cette exposition, nous le mettons en jeu.

Windy City Challenger s'empare, au delà du crash du bombardier, de l'univers de la télécommunication, de l'aéronautique, de la navigation, laissant place à une fiction commune, celle de l'envol. Que ce soit sous forme d'installations sonores, de sculptures, de vidéos, ou bien même de photographies, les spectateurs sont invités à démêler le vrai du faux, à devenir acteurs de notre interprétation, immergés dans un univers technologique à utiliser ou à fantasmer.